Aug 24, 2014

Carnets de J. Krishnamurti

Original Title in English: Krishnamurti's Notebook published by the Krishnamurti Foundation Trust Ltd, 1976.
French Translation: Carnets de J. Krishnamurti
Translator: Marie-Bertrande Maroger
Publishers: Editions du Rocher, Editor: Jean-Paul Bertrand for the French version (1988)
ISBN: 2268013006

About the Book:
Dans ce compte-rendu quotidien exceptionnel, nous assistons à ce que l'on pourrait appeler le jaillissement même de l'enseignement de Krishnamurti, son éclosion naturelle. Comme il l'écrit lui-même dans ces pages : "Il se produit à chaque fois quelque chose de nouveau dans cette bénédiction, une nouvelle qualité, un nouveau parfum, mais pourtant elle est sans changement"; de même, l'enseignement n'est jamais identique, bien que souvent répété. Tout comme les arbres, les montagnes, les fleuves, les nuages, la lumière du soleil, les oiseaux et les fleurs décrits à maintes reprises sont éternellement nouveaux, puisqu'il les voit chaque fois avec des yeux qui ne s'y sont jamais habitués, chaque jour sa perception est entièrement neuve et il nous la transmet.

Extraits:
pp. 57-58 - Le 3. août 1961
Eveillé très tôt avec ce fort sentiment d'un "otherness"*, d'un monde au-delà de toute pensée; Cela était très intense. Aussi clair et pur que le petit matin, que le ciel sans nuage. L'esprit est lavé de l'imagination, de l'illusion, puisqu'il n'y a pas de durée. Tout est, sans avoir jamais été. Toute possibilité de prolongation s'accompagne d'illusion.
*otherness: bénédiction v. citation plus haut.

pp. 66 - le 11. août 1966
Assis dans la voiture, auprès d'un torrent impétueux, sous un ciel menaçant au-dessus de riches et verts paturages, elle était là, cette incorruptible innocence dont l'austérité était beauté. Le cerveau, parfaitement tranquille, la ressentait.

Le cerveau se nourrit de réaction et d'expérience, il vit d'expérience. Mais l'expérience est toujours limitative et source de conditionnement; la mémoire est le mécanisme de l'action. Il n'est pas d'action possible sans expérience, savoir et mémoire, mais ce type d'action est limité, fragmenté. La raison, la pensée ordonnée, est toujours incomplète; l'idée, réponse de la pensée, est stérile, et la croyance est le refuge de la pensée.Toute expérience ne fait qu'affermir la pensée, en négatif comme en positif.

Toute nouvelle expérience dépend de la précédente, du passé. Il n'y a de liberté que chez l'esprit lavé de toute expérience. Quand le cerveau cesse de se nourrir de la mémoire, de la pensée, quand il meurt à l'expérience, son activité n'est plus égocentrique. Alors il s'alimente ailleurs. C'est cette nourriture qui rend l'esprit religieux.

Au réveil ce matin, au delà de toute méditation, de toute pensée et des illusions nées des sentiments, dans le centre du cerveau et plus loin, au centre de la conscience, de l'être lui-même, brillait une intense et vive lumière qui ne comportait point d'ombre, ne procédait d'aucune dimension. Elle était là, immobile. Et avec elle, cette puissance incommensurable, et une beauté dépassant la pensée, le sentiment.

pp386-388: le 23. janvier 1962
Les arbres étaient nus, chaque feuille tombée, même les tiges fines et délicates se cassaient; trop dur pour eux, le froid les avait achevés; d'autres arbres gardaient leurs feuilles, mais ils n'étaient plus très verts, certains viraient au brun. C'était un hiver exceptionnellement froid; les premiers contreforts de l'Himalaya étaient recouverts de plusieurs mètres de neige et ce grand froit s'était étendu sur les plaines, sur des centaines de kilomètres; le sol était gelé et les fleurs ne s'ouvraient pas, les pelouses étaient brûlées; il restait quelques roses et des pensées jaunes, dont la couleur emplissait le petit jardin. Mais dans les rues et les places publiques, les pauvres gens, enveloppés de chiffons sales et déchirés allaient jambes nues, la tête recouverte, et l'on apercevait à peine leur visage sombre; les femmes vêtues de toutes sortes de tissus sales et multicolores, portaient aux poignets des bracelets d'argent ou d'autres ornements; elles marchaient avec aisance, facilement, avec une certaine grâce, et se tenaient très bien. La plupart étaient des travailleuses, mais le soir, en route vers leur maison, ou plutôt leur hutte, elles riraient, se taquineraient et les jeunes, précédant de loin leurs ainés, parlant fort, s'amuseraient en chemin. C'était la fin d'une longue journée de dur labeur; elles allaient s'user très vite et n'habiteraient ni ne travailleraient jamais dans les maisons et les bureaux qu'elles avaient bâtis. Tous les gens importants passaient par là, dans leur voiture, et ces malheureux ne prenaient même pas la peine de les regarder. Le soleil se couchait derrière quelque bâtiment orné, dans une brume qui avait persisté toute la journée. Il était sans couleur, sans chaleur, et les drapeaux de différents pays pendaient mollement. Ces drapeaux aussi étaient là, ce n'était que des chiffons colorés, mais de quelle importance! Quelles corbeaux se désaltéraient à une flaque et d'autres arrivaient pour avoir leur part. Le ciel pâle se préparait à la nuit.

Chaque pensée, chaque sentiment s'était envolé, le cerveau était absolument immobile; il était plus de minuit, il faisait froid, et le clair de lune entrant par une fenêtre, projetait un dessin sur le mur. Le cerveau était éveillé, observait sans réagir, sans faire d'expérience; il n'y avait en lui aucun mouvement, mais il n'était ni insensible ni engourdi par la mémoire. Et tout à coup, ce fut cette inconnaissable immensité, non seulement dans la chambre et au-delà, mais aussi en profondeur, dans les replis les plus secrets de ce qu'avait été l'esprit. La pensée a une frontière créée par chaque type de réaction, et chaque motif, comme chaque sentiment, lui donne forme; toute expérience vient du passé et tout ce que nous reconnaissons est du domaine du connu. Mais cette immensité ne laissait pas de trace, elle était là, claire, forte, impénétrable et inapprochable; son intensité était un feu qui ne laissait pas de cendres. Avec elle, la joie qui non plus ne laissait pas de souvenir, puisque personne n'en faisait l'expérience. Elle était simplement là, pour venir, repartir, sans poursuite ni évocation.

Le passé et l'inconnu ne peuvent se rencontrer; aucun acte, quelqu'il soit, ne peut les rassembler; aucun pont ne les relie, aucun chemin n'y conduit. Ils ne se sont jamais rejoints et ne se joindront jamais. Le passé doit cesser pour que puisse être cet inconnaissable, cette immensité.
Fin de citations


About the Author

Philosophe indien ayant dépassé toute appartenance religieuse, culturelle et nationale, Krishnamurti est considéré comme l'un des plus grands maîtres contemporains. Son message, aussi limpide que percutant, a fait de lui le pilier intellectuel, spirituel et existentiel de milliers de personnes.

Huitième enfant d'une famille Bramine, fragile et peu enclin aux études, Krishnamurti a très tôt le sens de l'observation et de la charité. A l'âge de 10 ans, alors qu'il vient de perdre sa mère, un éminent représentant de la Société Théosophique reconnaît en lui le Grand Instructeur du Monde attendu par le mouvement. Et, à 16 ans, Krishnamurti est à la tête de l'Ordre international de l'Etoile d'Orient.


Mais quelques années plus tard, une crise spirituelle et physique le conduit à une expérience d'extase bientôt suivie d'une période de désespoir extrême déclenché par la mort de son frère Nitya. Krishnamurti traverse alors cette fameuse “nuit noire” où l'âme se retrouve sans repères : instant béni où, dans un ultime abandon, libérée de l'ego, elle découvre son altérité au sein d'« un grand amour permanent impérissable, invincible ». « Laissez fleurir votre souffrance » dira alors Krishnamurti, conscient que la libération spirituelle ne peut que résulter d'une dynamique intérieure de “non-agir” qui consiste à vivre l'instant présent sans résister, sans fuir, sans “vouloir être”. Réalisant désormais l'inutilité d'une autorité spirituelle ou morale dans la recherche de la vérité, il décrète en 1929 la dissolution de son Ordre qui compte alors plus de 40 000 membres.


De conférences en entretiens, il va parcourir le monde jusqu'à l'âge de 91 ans, désireux de rendre l'Homme libre de cette peur qui le pousse à se cacher derrière des modèles, des systèmes ou des conditionnements, libre de toutes ces “cages” que sont les croyances, les pratiques, les gourous et les mentalisations, libre de la multitude d'emprises qui le limitent et étouffent l'amour qui est en lui. Et de préciser que cette libération s'accomplit d'elle-même dès lors que nous observons quotidiennement nos conditionnements sans la moindre pensée laissant ainsi l'amour nous guérir et nous guider. Car « seul l'amour est une façon juste de penser », dit-il, seul l'amour nous permet de construire un monde plus uni par la reconnaissance de l'action juste et de la relation intelligente.

C'est tout un art de vivre auquel nous convie Krishnamurti : art de voir et d'écouter avec tout son cœur, art d'interagir avec autrui au-delà de toutes ces interférences qui nous empêchent d'être ce que nous sommes et d'agir en conséquence.

On l'avait compris, Krishnamurti est un être d'ouverture, un être de relation. L'apothéose de l'“éveil au cœur” se situe, selon lui, dans la relation avec l'autre, dans ce regard neuf et immaculé qu'on lui porte. Voilà pourquoi l'école devrait nous communiquer cet art de vivre fondé non pas sur la valorisation de l'ego par le savoir et la compétition mais sur l'éveil de la véritable intelligence : « le monde est ce que nous sommes » nous dit Krishnamurti. Il est heureux que ses théories soient enseignées non seulement dans les écoles qu'il a créées en Inde, aux Etats-Unis et en Angleterre mais dans des centaines de facultés de philosophie, psychologie et sciences de l'éducation...

« Si vous voulez aider quelqu'un à changer, dit-il, soyez comme le soleil. Donnez-lui la compassion, l'amour, l'intelligence et rien d'autre » : Krishnamurti était un soleil. Par sa présence rayonnante, sa sérénité, son regard, sa parole, ses silences, il offrait son énergie. Sans jamais préparer ses conférences, il se donnait sans filet, dans l'instant présent, exhortant chacun à créer à partir du vide, ce vide rempli d'amour…


Laisser l'amour nous envahir à chaque instant est le plus bel hommage que nous puissions rendre à Jiddhu Krishnamurti. (Source: http://www.fraternet.com/magazine/etr0911.htm)


Other French translation of his books

Editions Rocher:
  • Questions et réponses;
  • La Flamme de l'attention;
  • Le Temps aboli;
  • Plénitude de la vie;
  • La Vérité de l'événement;
  • Sur J. Krishnamurti par Louis Nduwumwami: Krishnamurti et l'éducation.
Editions Delachaux et Niestlé
  • Le Vol de l'aigle;
  • De l'éducation;
  • L'Impossible Question;
  • Le Changement créateur.
Editions Stock
  • Se libérer du connu;
  • La Révolution du silence;
  • Première et Dernière Liberté; (traduction vietnamienne)
  • Aux étudiants;
  • L'Eveil de l'intelligence;
  • Tradition et révolution.
Editions Buchet-Chastel
  • Commentaires sur la vie - 1ère série;
  • Commentaires sur la vie - 2ème série;
  • Commentaires sur la vie - 3ème série;
  • Le Journal de Krishnamurti.
Krishnamurti Foundation Trust Ltd
Brockwood Park, Bramdean, Hampshire, SO24-OLQ (UK)
  • Lettres aux écoles, vol. 1 et 2
  • Le Réseau de la pensée 
Association culturelle Krishnamurti
73 rue Fondary, F-75015. Tel. 0033-45.75.15.25.




French translation by Marie-Bertrande Maroger, Editions du Rocher
Vietnamese translation by Cuong Phan, Kim Hoang, Bich Hong, Bao Han
German translation by Han Dang-Klein
Italian translation by Phan Cong Danh
Japanese translation by Hong Anh

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